L’Activisme sur les Réseaux Sociaux en Afrique : Entre Engagement et Désinformation
Les réseaux sociaux sont devenus un outil puissant de mobilisation et de sensibilisation en Afrique. De la contestation politique aux campagnes humanitaires, ils permettent de faire entendre des voix souvent marginalisées. Mais ce pouvoir a une double facette : il peut être un levier de changement comme une source de manipulation.
Petit décryptage des bons et mauvais côtés de l’activisme en ligne.
Les Forces de l’Activisme Numérique
Mobilisation et Sensibilisation Rapide
Les réseaux sociaux ont permis l’émergence de mouvements citoyens influents. Par exemple, le mouvement #EndSARS au Nigeria a dénoncé les violences policières et mobilisé la jeunesse pour réclamer des réformes. De même, #CongoIsBleeding a attiré l’attention sur l’exploitation des mines de cobalt.
Visibilité pour les causes oubliées
Des campagnes comme #BringBackOurGirls ont permis de mettre sous pression les gouvernements et la communauté internationale face à l’enlèvement des lycéennes de Chibok par Boko Haram. Ces initiatives montrent que le digital peut faire bouger les lignes.
Accès à l’Information et éducation
Les militants et organisations peuvent partager des analyses, des faits et des témoignages en contournant les médias traditionnels. Cela favorise l’éveil citoyen et la participation politique.
Les Dangers de l’activisme sur les réseaux
Désinformation et Fake News
Le partage viral d’informations non vérifiées est un problème majeur. En 2021, une fausse information sur l’implication de certaines ONG dans un trafic d’enfants a semé la panique dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre. Ce manque de vérification peut nuire à des causes légitimes et décrédibiliser des mouvements.
Manipulation et opportunisme
Certains influenceurs exploitent les causes populaires pour gagner en notoriété ou même en financement, sans réel engagement. Des mouvements sont parfois récupérés par des acteurs politiques ou commerciaux pour détourner l’attention.
L’Activisme Politique : Entre Réveil et Manipulation
L’activisme politique est sans doute l’un des terrains les plus sensibles de l’engagement sur les réseaux sociaux en Afrique. Si certaines initiatives citoyennes cherchent à promouvoir la démocratie et la bonne gouvernance, d’autres sont instrumentalisées pour manipuler les masses. L’exemple de l’activisme anti-français est éloquent : de nombreux influenceurs et pages militantes entretiennent une rhétorique simpliste et souvent conspirationniste, attribuant tous les maux des pays africains à la France, sans analyse nuancée des responsabilités locales et internationales. Cette approche réductrice conduit à une radicalisation du discours politique et parfois à des actes de violence.
Des groupes politiques et des puissances étrangères exploitent cette dynamique pour manipuler l’opinion et réorienter les colères populaires à leur avantage. Ainsi, des campagnes de désinformation financées par des acteurs extérieurs inondent les plateformes, créant une illusion de spontanéité dans les mouvements citoyens alors qu’ils sont parfois orchestrés.
L’Inconstance des activistes et la résurgence des micro-nationalismes
Certains activistes africains revendiquent la souveraineté du continent face aux influences étrangères, mais paradoxalement, ils n’hésitent pas à attiser des divisions internes. Lorsque surgissent des débats intra-africains, on assiste à des poussées de micro-nationalisme qui frisent parfois l’absurde. Les clashs entre Camerounais et Ivoiriens, ou encore entre Nigérians et Ghanéens ou Sud-Africains, sont légion. Plus que de simples joutes verbales, ces conflits se transforment en dérives langagières et en insultes virulentes, révélant une véritable psychopathologie de la haine.
Ce phénomène constitue un véritable festin pour certains observateurs extérieurs. Alors que les Africains dénoncent la division imposée par le colonialisme, ils se livrent paradoxalement à une auto-destruction sans même qu’une intervention extérieure ne soit nécessaire. Cette contradiction affaiblit les luttes panafricanistes et empêche une union véritablement constructive.
Militantisme de Surface et Passivité
Partager un hashtag ne remplace pas une action concrète sur le terrain. Le “slacktivisme” (activisme paresseux) donne à certains l’illusion d’agir alors qu’ils ne font que relayer un message sans approfondir leur engagement.
Alors, comment être un Cyber-Activiste Responsable ?
Toujours vérifier l’information avant de la partager : Consulter plusieurs sources fiables et recouper les données.
Soutenir les actions concrètes : Participer à des initiatives de terrain et non seulement en ligne.
Sensibiliser et éduquer : Partager du contenu informatif et éviter les discours simplistes ou polarisants.
Analyser les discours politiques : Se poser des questions sur les motivations derrière les tendances et éviter de tomber dans les simplifications abusives.
Promouvoir l’unité africaine plutôt que le micro-nationalisme : Encourager la solidarité entre peuples africains plutôt que de nourrir des divisions inutiles.
Les réseaux sociaux peuvent être un formidable outil de changement en Afrique, à condition d’être utilisés avec discernement. Ne soyons pas de simples suiveurs : questionnons, analysons et agissons au-delà de nos écrans !
Citation
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date = {2025-02-20},
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